Article paru dans le Bulletin de l'Union des Physiciens N°795 Cahier Enseignement Superieur
CALCUL DE GRANDEURS ATOMIQUES ET MOLECULAIRES
PAR UTILISATION DES REGLES DE SLATER
Cet article propose des formules empiriques permettant le calcul a priori de diverses grandeurs atomiques (rayon de covalence et électronégativité) ou moléculaires (longueurs des liaisons simples ou multiples).
1) Calcul des rayons de covalence des atomes :
Le rayon atomique est une notion vague et difficile à définir clairement. En revanche le rayon de covalence dun atome est une grandeur facile dacces : Le rayon de covalence dun atome A est par definition la moitié de la longueur de la simple liaison A-A. Les rayons de covalence des atomes ont ainsi été déterminés et tabulés à partir des longueurs de liaison simple des molécules de type A-A. Lintérêt dune telle notion est que ce rayon de covalence est approximativement additif et quon peut estimer avec une relative précision la longueur dune liaison simple quelconque par addition des rayons de covalence des deux atomes concernés.
Il serait intéressant de pouvoir déterminer ce rayon de covalence par utilisation des grandeurs atomiques n et Z*. On peut montrer que le rayon atomique est sensiblement proportionnel au rapport n2/Z*. Cest sur cette base quune formule empirique permetant le calcul du rayon de covalence a été recherchée. La formule trouvée est :
R (A°) = 0.215 ( n*2/Z*) + 0.148 n* + 0.225 (formule 1)
Z* est la charge effective ressentie par lélectron le plus externe de " latome neutre " calculée par les règles de Slater.
n* est la valeur corrigée du nombre quantique principal de la couche de valence de latome étudié.
Avec : n* = n pour n = 2 ou 3 ; n* = 3,6 pour n=4 et n* = 4 pour n = 5.
Un écart moyen de lordre de 3 % entre valeurs calculées et tabulées est obtenu par lutilisation de cette formule. Lécart maximal étant de 10 % pour latome de Rubidium. Latome dhydrogène est un cas particulier qui sera envisagé plus loin.
2) Calcul de lélectronégativité dun élément :
La formule précedente permet dacceder avec une assez bonne précision au rayon de covalence dun atome. Or léchelle délectronégativité dAlred et Rochow est basée sur la force dattraction coulombienne du noyau sur un électron de valence de latome. Elle est donc proportionnelle a Z*/R2. Pour que les valeurs obtenues soient comparables à celles obtenues avec léchelle de Pauling on adopte la forme suivante : XAR=a (Z*/R2) + b. (a et b sont des coefficients correctifs)
On peut donc déduire a partir de la formule (1) une formule empirique (2) permettant un calcul approche de lélectronégativité de Alred et Rochow.
XAR= 0,34 (Z*/R2 ) + 0.7 (formule 2)
Un écart moyen de lordre de 3 % entre valeurs calculées et tabulées est obtenu par lutilisation de cette formule. Lécart maximal etant de 9 % pour latome de Fluor.
3) Calcul des longueurs de liaisons :
La connaissance des rayons de covalence des atomes permet le calcul approximatif des longueurs de liaisons par addition des rayons de covalence.
On peut améliorer sensiblement le résultat obtenu en utilisant la formule suivante :
L (A°) = 1.11 Lcalc - 0.203 (formule 3)
L est la longueur de la liaison A-B en A°
L Calc est la valeur calculée par addition des rayons de covalence RA + RB
Un écart moyen de lordre de 1,5 % entre valeurs calculees et tabulées est obtenu par lutilisation de cette formule. Lécart maximal etant de 16 % pour la liaison Si-F.
Remarque : On peut éviter de passer par lintermédiaire des rayons de covalence en utilisant la formule : L = 0,239 S(n*2/Z*) + 0.164 S (n*) + 0,297 (formule 4)
La précision obtenue sera sensiblement du même ordre de grandeur.
b) Cas de latome dHydrogène :
La formule (1) ne permet pas de calculer le rayon de covalence de latome dhydrogène. Si on se base sur la molécule H2 (dH-H = 0,74 A°) le rayon de covalence de H devrait etre de 0,37 A°, mais cette valeur ne permet pas dobtenir de bonnes approximations des longueurs des liaisons impliquant latome dhydrogène. Des valeurs correctes seront obtenues avec la formule (3) si on attribue un rayon de covalence de 0,346 A° a latome dhydrogene. De meme la formule (2) ne permet pas de calculer correctement lélectronégativité de lhydrogène, la valeur 2,2 lui sera attribuée.
c) Cas des liaisons multiples :
La longueur de liaison décroît quand lindice de liaison augmente, les liaisons doubles et triples ont donc des longueurs plus faibles que les liaisons simples correspondantes. Un calcul trés simple permet néanmoins de calculer la longueur des liaisons doubles et triples à partir de la valeur trouvée pour la liaison simple par la formule (3). Il existe en effet, un rapport quasi constant entre les longueurs de ces liaisons : la longueur de la double liaison est simplement égale a 86 % de celle de la simple, celle de la triple liaison étant de 78 % de la simple. Un écart moyen de lordre de 2 % entre valeurs calculées et tabulées est obtenu par lutilisation de ces formules. Lecart maximal étant de 6 % pour la liaison double O-O.
Annexe : Génèse et justification des formules utilisées
Les approximations hydrogénoïdes de Slater prévoient que le rayon atomique est calculable par n2/Z*. Si on utilise directement cette approximation on constate en effet quelle permet de classer les atomes par " ordre de taille " (avec néanmoins quelques inversions) mais elle ne donne pas une valeur " absolue " du rayon atomique et ne permet quun classement relatif. Plutôt que dutiliser le rayon atomique difficile a definir jai préféré utiliser la notion de rayon de covalence plus concrête. Jai donc cherché à corréler la valeur expérimentale tabulée de ce rayon de covalence avec la grandeur n2/Z*. Si on porte graphiquement R = f (n2/Z*) on constate quune bonne correlation lineaire est obtenue pour chaque ligne de la classification (pour les éléments des blocs s et p).
Pour une ligne on a donc : R = a (n2/Z*) + b
Variation de la pente a :
Si on compare les corrélations obtenues ligne par ligne on saperçoit que les pentes respectives sont proches les unes des autres. Il est de plus trés facile de les rendre quasiment constantes en utilisant une valeur corrigée n* au lieu de n. En choisissant bien les valeurs de n* on arrive à rendre les valeurs de a quasiment identiques entres elles (a = 0,215).
Variation de lordonnee à lorigine b :
Si on corréle les valeurs de b obtenues pour chaque ligne avec n on constate quune trés bonne corrélation lineaire est obtenue : b = 0,144 n + 0,226
Formule globale :
On a donc :
R = a (n*2/Z*) + b
avec a = 0,215 et b = 0,144 n + 0.226
soit finalement : R = 0.215 (n*2/Z*) + 0.144 n + 0,226
Une fois cette formule obtenue on a cherché à minimiser les écarts entre valeurs tabulées et calculées pour les rayons de covalence en optimisant les valeurs des différents coefficients numériques. On saperçoit quon améliore sensiblement ces écarts en utilisant uniquement n*, ce qui de plus homogénéise la formule. La formule (1) est le résultat final obtenu apres minimalisation des écarts entre valeurs calculées et tabulées.
Les formules (2) et (3) ont ensuite été obtenues par corrélation linéaire entre valeurs expérimentales et valeurs calculées par la formule (1) on a cherché la-aussi à minimiser les écarts entre valeurs calculées et tabulées. La formule (4) est obtenu par simple remplacement de Lcalc par son expression en fonction des n* et Z* des deux atomes considérés.
Origine des valeurs tabulées : Handbook of Chemistry pour les longueurs des liaisons - Divers ouvrages denseignement superieur pour les rayons de covalence et lélectronégativité